Numericable-SFR a perdu 444.000 abonnés mobiles sur le seul premier trimestre. C’est Free qui en profite le plus.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Toujours en pleine transition, SFR, repris par Numericable en novembre dernier, a vu partir de nombreux clients au premier trimestre. Dans le mobile, pas moins de 444.000 abonnés (dont 300.000 forfaits), selon Oddo Securities, ont quitté le deuxième opérateur français. Une aubaine dont ont profité ses concurrents : au total, Free a gagné 420.000 clients mobiles, Bouygues Telecom 146.000 forfaits mobiles et Orange 164.000. « SFR nourrit tous les opérateurs », résume l’un d’entre eux, pour lequel « les clients vont chez Bouygues Telecom et Orange pour la qualité de réseau, et chez Free pour le prix ». Chez Iliad, la maison mère de Free, on reconnaît que « le rapport qualité-prix fait partie de l’image de marque » de l’entreprise, mais on estime que « l’investissement dans les réseaux » explique aussi la progression du nombre de clients, selon le directeur financier Thomas Reynaud. L’opérateur, dont le chiffre d’affaires dans le mobile a progressé de 18,5 % à 438 millions d’euros, estime détenir désormais une part de marché de 15 %.

Le revenu par abonné mobile de Free, le fameux ARPU, sorte de baromètre commercial du marché, s’est légèrement redressé depuis 6 mois où il avait atteint un point bas, à 13 euros, selon Oddo Securities. En revanche, il a reculé chez Orange et chez Bouygues Telecom, respectivement de 6 et de 5,4 %, signe que la tension sur les prix n’est pas terminée. Dans l’industrie, un concurrent de SFR estime que ce dernier a décidé de lâcher la bride sur le mobile, pour mettre les bouchées doubles sur le fixe. Mais Eric Denoyer le directeur général de Numericable-SFR, a estimé lors de la dernière publication des résultats qu’il était « beaucoup plus important de stabiliser la valeur, plutôt que de faire du volume à tout prix ». L’opérateur, qui a réussi en revanche à maintenir son ARPU, a aussi prévenu qu’une relance commerciale était en vue. « SFR joue la montée en gamme et accepte de perdre des abonnées », dit Oddo.

Free s’arroge 42 % des recrutements dans le fixe

Dans le fixe aussi, les opérateurs profitent de l’instabilité de Numericable-SFR, même si, globalement le marché reste dynamique. Ainsi, SFR ne perd « que » 57.000 clients, tandis qu’Orange en gagne 67.000, Bouygues 96.000, et Free 77.000. Ce dernier s’arroge ainsi « 42 % des recrutements », indique-t-il. Pour parvenir à ce résultat, Free a dû sacrifier son revenu par abonné, passé sous la barre des 35 euros. Une stratégie revendiquée par l’opérateur, qui met en avant les « ventes privées », offrant aux clients des tarifs à 10 ou 12 euros par mois la première année de leur abonnement. Si ces promotions ont pesé sur le revenu par abonné de l’opérateur, elles lui ont aussi permis d’être celui qui « bénéficie le plus de la faiblesse de SFR dans le fixe », souligne Oddo.

Mais dans le fixe, Free a aussi fort à faire avec Bouygues Telecom. L’opérateur a lancé il y a un an des offres très compétitives, avec des forfaits ADSL à 20 euros, et un abonnement à la fibre à 25 euros, soit 10 euros de moins que les standards du marché. L’opérateur vient aussi de lancer Miami, sa nouvelle box tournant sous Android. A la surprise générale, Free a lui aussi choisi de s’ouvrir au système d’exploitation de Google.

Après l’agitation ayant suivi l’arrivée de Free dans le mobile en 2012, et la fusion de SFR-Numericable-SFR l’an passé, «  tout le monde trouve son compte dans un marché qui s’assainit », conclut Oddo.