Depuis sa genèse, la Hadopi se coltine une sale réputation. Née le 8 juin 2010, après avoir tournoyé dans les tuyaux parlementaires, elle est tout de suite chahutée. Les journalistes l’étrillent, en voyant leurs droits d’auteur revus à la baisse. Les ayant droits, premiers bénéficiaires, la jugent inefficiente. Les politiques la tancent pour son manque d’ambition et sa lourdeur administrative. Quant aux internautes, qui ne vivent pas le Web comme un univers régulé, leur levée de bouclier entérine à jamais son impopularité…
Module phare du dispositif, la « réponse graduée » de la Hadopi a une visée « pédagogique » et « dissuasive » face aux pirates. Elle ne dévoile sa punition qu’au bout de deux mails d’avertissement envoyés aux adresses IP incriminées : seuls les récidivistes comparaissent devant un juge. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le rapport note que pour 4,6 millions de mails expédiés en premier avertissement, il n'y a eu derrière que 458 000 mails de relance et, en bout de chaîne, 49 décisions de justice...
Une Haute Autorité à la traîne
Certains y verront la réussite éclatante d'Hadopi. Cela révèle plus certainement la lourdeur de ce dispositif. « Douze millions d'euros et soixante agents, c'est cher pour envoyer un million de mails », taclait déjà en 2012 la ministre de la Cultre Aurélie Filippetti. Le premier « scalp » de la Hadopi concernait un internaute condamné pour avoir téléchargé… 2 chansons de Rihanna.
La Hadopi s’avoue dépassée par l’effervescence du piratage, qui ne diminue qu’à peine, ou n’apparaît juste pas sur ses écrans-radar. La sociologie de la piraterie montre qu’il y aurait en France 13 millions de ces flibustiers qui téléchargent régulièrement, « dont 5 millions d’adeptes du peer-to-peer ».
A cause d’un retard congénital sur la vitesse technologique, la Hadopi et ses instruments focalisés sur le peer-to-peer sont à la traîne, et ne s’adaptent pas aux transformations des usages. Elle ne peut guère rivaliser avec les internautes, assez fourbes — ou créatifs, c'est au choix —, qui contournent son « champ de compétence » en employant des moyens de plus en plus compliqués à repérer. Les logiciels d'évitement ont foisonné. Ces pratiques pourrissent le système de fonctionnement sur lequel est basé la Hadopi comme autant de métastases. D’autant que la Haute Autorité s’est avérée incapable de fournir une offre légale publique apte à concurrencer les sources illicites.
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Et pendant ce temps là, l’industrie du film et du disque engrangent des bénéfices records. Certainement la faute au piratage.
...Et du jeu vidéo qui engrange plus que celle du cinéma
anéfé (ça rapellera des souvenirs à ceux qui ont suivit le débat en 2010)
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