Y-a-t-il une méthode Drahi, derrière des montages à première vue extrêmement sophistiqués ? Il y a des ingrédients de base communs qui relèvent de l’univers des LBO, dans les 52 milliards d’euros d’acquisitions qu’il a réalisées en environ un an et demi . En résumé, il s’agit de faire des emplettes de taille, en faisant porter la dette sur les actifs acquis. « Mais, à la différence d’autres groupes, il n’y a pas de cascades de holdings », relève Jean-Michel Salvador, analyste chez AlphaValue.
Parallèlement, Altice restructure en permanence sa dette. Pour le rachat de SFR , par exemple, Patrick Drahi a contracté une dette long terme dont le premier anniversaire de remboursement est fixé à mai 2019. Seul le paiement des intérêts est dû d’ici là. Et la dette est à taux fixe : cela coûte plus cher, mais c’est le prix de la tranquillité. Mieux : pour financer le rachat des 20 % de Vivendi dans SFR qui lui manquaient, l’hommes d’affaires a refinancé il y a un mois deux tranches qui étaient à sept ans en les décalant à dix, réussissant, au passage, à faire baisser le taux d’intérêt à 3,3 %.
La grande force d’Altice est de parvenir à faire des acquisitions dans des secteurs à forte visibilité, et de savoir ensuite restructurer. Selon les calculs d’Alphavalue, la dette consolidée de l’ensemble Altice devrait être autour de 45 milliards d’euros en fin d’année, pour un Ebitda d’environ 9 milliards, soit un ratio de 5 environ. Un chiffre au-dessus de la moyenne du secteur des télécoms en Europe (autour de 2,5 ou 3).« On a rarement vu de tels ratios dans cet univers. Patrick Drahi fait le pari que la croissance de l’Ebitda de l’entité acquise - excédent brut d’exploitation - sera suffisante pour ne pas faire exploser ses ratios de dette. En clair, qu’il va arriver à mieux gérer Cablevision que ses prédécesseurs », explique Jean-Michel Salvador. Certes, les ratios dette nette/Ebitda sont élevés mais, autrefois, l’homme d’affaires faisait bien pire. Quand il a racheté Noos, il a « leveragé » 10 fois l’Ebitda !
Jusqu’à quel point Altice peut-il tenir ? « Si on stoppait notre développement, en cinq ans, on n’aurait plus de dettes. Mais cela serait stupide car cela voudrait dire qu’Altice n’aura pas grandi pendant cinq ans », indique-t-on chez Altice. Les Cassandre, eux, ont encore en mémoire la galaxie Messier, au début des années 2000, qui avait explosé en plein vol, à force d’acquisitions. « Drahi a une vraie capacité de conviction, est très habile et sait générer des synergies. Il a la confiance des investisseurs, des banquiers, et du marché, ce qui créé un cercle vertueux. Tant qu’il l’aura, il pourra continuer dans cette voie », résume Vincent Maulay, chez Oddo.
Le « deal » SFR a montré sa capacité à enivrer les marchés financiers : il a réussi à réunir 100 milliards de dollars de demandes, alors qu’il avait besoin de dix fois moins ! Du jamais vu dans la tech. Aujourd’hui, les banques se précipitent à sa porte, au point qu’elles ne lui imposeraient plus de clauses lui interdisant d’aller au-delà d’un certain multiple d’endettement...
Plusieurs éléments pourraient toutefois venir gripper la machine : notamment une brusque remontée des taux d’intérêt , même si Altice a cherché à limiter sa sensibilité aux taux. Autre risque : une récession mondiale marquée, plombant les bénéfices des sociétés. Patrick Drahi a sûrement encore en mémoire la faillite de Lehman Brothers en 2008 qui a fait violemment tanguer Numericable, réputé alors proche de la faillite. Mais, là encore, son exposition de plus en forte dans une économie solide, les Etats-Unis, pourrait le préserver.
De l’avis de spécialistes, Altice peut donc encore grossir. D’après les calculs d’Oddo, il aurait la capacité de faire encore pas moins de 50 milliards d’euros d’augmentation de capital, sans que Patrick Drahi ne perde le contrôle, grâce à la modification de la structure de son capital réalisée en août.
Le problème n'est pas uniquement Drahi en lui même, le système monétaire et bancaire international fonctionne sur la dette, et uniquement sur la dette.
Si Drahi s'en sert, c'est bien parce que c'est permis.
Si il n'y a pas d'endettement, le système ne fonctionne pas, ne fonctionne plus.
Et c'est bien ça le fond du problème.
Et le jour ou tout ce joli monde s’effondre il fera appel à l’état pour renflouer les caisse sous peine de fermeture....
Comme d'habitude, les bénéfices sont et restent privés, les pertes demeures publiques, c'est un des problèmes comme tu le soulignes.
On dénonce Drahi et ses méthodes, c'est nécessaire, je ne conteste pas, bien au contraire. Le problème n'est pas uniquement Drahi en lui même, le système monétaire et bancaire international fonctionne sur la dette, et uniquement sur la dette. Si Drahi s'en sert, c'est bien parce que c'est permis. Si il n'y a pas d'endettement, le système ne fonctionne pas, ne fonctionne plus. Et c'est bien ça le fond du problème.
Tout à fait d'accord, Pat Dra ne fait qu'exploiter un système. Il représente ce qui se fait de pire : l'argent-dette, c'est ce qui fout la merde partout, écrase les gens, tue des pays entiers. On dit que la Grèce ça craint mais on laisse Patou faire ses courses, c'est stupide.
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